Biologique, naturel, diététique, macrobiotique ?
Panier au poing, bien décidé à manger « sain », les déambulations dans les rayons ne sont pas une chose simple. Diététique, naturel, équitable, bio, végétarien (-lien ?), macrobiotique… L’affaire se corse. Prenons donc un point de départ, la définition stricte du bio, dont le principal label est AB (Agriculture Biologique) : produit qui ne contient ni engrais chimique, ni pesticides, ni OGM (organismes génétiquement modifiés) et dont le circuit respecte l’environnement tant que possible. Partant de là, un produit diététique, issu du commerce équitable ou de terroir peut bien aussi être bio, mais dans ce cas-là c’est écrit sur l’étiquette et les labels s’additionnent (Max Havelaar et AB, AOC et AB, Label Rouge et AB…) Quant à tout ce qui est vendu comme « authentique » ou « naturel », cela relève plus de la subjectivité du service marketing qu’autre chose…
Ceci étant posé, manger bio correspond surtout à un mode de vie : ne pas ingurgiter de substances qui font un cocktail chimique dans le corps, respecter les saisons (non, on ne mange pas de fraises en décembre) et essayer de conserver toutes les qualités nutritives d’un aliment. Quand on sait qu’un pommier reçoit 27 traitements de pesticides en moyenne avant la récolte*, et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, il y a de quoi réfléchir à deux fois à ce qu’on mange. Dans cette optique, d’autres pratiques alimentaires peuvent s’additionner au bio : être végétarien, végétalien ou manger macrobiotique a plus de sens avec des aliments non arrosés de pesticides. Pour mémoire, un végétarien ne consomme aucune chair animale, mais tolère généralement les dérivés comme les œufs, le lait et le fromage, contrairement au végétalien qui les exclut aussi. Quant à la macrobiotique, il s’agit d’une philosophie japonaise qui répartit les aliments et leur mode de préparation entre le Ying et le Yang pour parvenir à un certain équilibre.
(*) Source : Stéphane Horel « La Grande Invasion : Enquête sur les produits qui intoxiquent notre vie quotidienne », chapitre Les bourses et la vie, pesticides.
Les critères du bio
Pour obtenir la certification bio, les végétaux bios ne doivent subir ni engrais chimiques, ni pesticides ni OGM. Ce qui explique qu’ils sont moins « beaux » que ceux issus de l’agriculture classique. Mais mieux vaut une carotte tordue et terreuse qu’une barquette de fraises au même calibre surnaturel. Les animaux, eux, ne sont nourris qu’avec des aliments bios, sans antibiotiques et gambadent dans les prés plus longtemps que leurs congénères en batterie. Pour les jus de fruits, biscuits et autres produits transformés, le label bio assure qu’un maximum d’ingrédients est d’origine naturelle et issu en majorité de l’agriculture biologique, et qu’il n’y a ni conservateurs, ni colorants chimiques. Cette notion de « maximum » n’est pas si floue : seuls les produits bios à plus de 95% ont droit à l’appellation AB (Agriculture Biologique) et au logo européen.
Déchiffrer les principaux labels
AB (Agriculture Biologique), contrôlé par l’organisme de certification Ecocert (propriété du Ministère de l’Agriculture).
Demeter et BIODYN : organisme indépendant. Ce label garantit des produits AB et assure en plus le respect des critères de l’agriculture bio-dynamique (méthode respectueuse de la Terre et des cycles naturels).
Nature et Progrès : label de la Fédération Internationale de l’Agriculture Biologique.
Le label Européen : comme le label AB, il garantit des produits bios à 95% et issus du territoire européen.
Le bio, pas que des avantages et encore du chemin
Dans la balance, la qualité, la non-toxicité, les bienfaits pour la santé de l’agriculture biologique sont aujourd’hui acquis. Plus on va en apprendre sur l’agriculture conventionnelle et ses produits chimiques, et plus les avantages qu'il y a à manger bio vont apparaître comme une nécessité. Tant que le cahier des charges reste strict et les contrôles sévères. Par contre, le bio reste en moyenne 30% plus cher, selon les produits et les marques. Il y a une dizaine d’années, c’était 50 % de plus… Il est très difficile de concurrencer l’agriculture intensive qui économise les coûts « grâce » aux pesticides, quand l’agriculture biologique se soumet aux saisons et nécessite de la main-d’oeuvre. Jean-Pierre Bourven, agriculteur biologique depuis 25 ans, vice-président du Groupement des Agriculteurs Biologiques (GAB) Île-de-France résume cette priorité : « les autorités doivent comprendre que pour généraliser le bio, il faut remplacer les pesticides par de la main d’œuvre. Par exemple, pour désherber un champ de carottes, il faut substituer 1 euro de pesticides par 4 heures de main d’œuvre. Et actuellement, on est tellement à la masse en France qu’il est plus intéressant d’importer du bio de l’étranger, comme du Maroc, où la journée de travail coûte 4€ par jour, que de produire chez nous, à 120€/jour ! » Résultat : on mange bio en dégradant l’environnement à coups d’émission de CO2 générée par le transport des marchandises. Un non-sens total. Pour Jean-Pierre Bourven, « on ferait mieux de créer des emplois, encourager les jeunes à faire des travaux d’intérêt environnemental, nous donner les moyens de proposer des produits sains, de saison à des prix intéressants… »
Las d’attendre une action des pouvoirs publics, des consommateurs ont décidé de se regrouper et d’aller chercher ces produits sains, de saison, en France. Ce sont les AMAP ou Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne. Le principe est simple : un groupe de consommateurs achète en avance une partie de la production d’un agriculteur de proximité, lequel s’engage à fournir des produits de qualité, issus d’une agriculture équitable et écologique, assez souvent biologique. Le consommateur connaît exactement la provenance de ce qu’il mange et participe au maintien d’exploitations souvent menacées. L’avantage de passer en direct du producteur au consommateur, c’est bien sûr de se fournir en qualité, à des prix raisonnables. Mais les AMAP tiennent à souligner la notion d’engagement réciproque : du côté du producteur, la transparence et la qualité, et du côté du consommateur, une certaine implication avec visites à la ferme. Pour en savoir plus : http://alliancepec.free.fr/Webamap.
Agenda
Du 22 au 26 mai 2008, 28ème édition du salon "vivez nature" à la Cité des Sciences et de l'Industrie à Paris. Programme complet sur le site Vivez nature.
Du 1er au 15 juin 2008, 9ème édition du Printemps BIO dans toute la France : pendant 15 jours, les régions françaises vont vivre au rythme des actions menées par les acteurs de la bio pour faire connaître au plus grand nombre les techniques, les pratiques, les principes et les valeurs de ce mode de production respectueux de l'environnement. Tout le programme sur le site Printemps BIO.
A lire également, les reportages de Laetitia OHNONA sur le caviste-tâble d'hôte "les Domaines qui montent" et sur le marché des Batignolles.
Pour en savoir plus
Le site de l'Agence BIO
Le site d'Interfel bio
Le dossier FoodAvenue : Où trouver des produits bio sur internet.