Des premiers petits pois de la saison aux sublimes pivoines roses du producteur, en passant par des antipasti bios de Sardaigne ou les savons à l’huile d’olive… Le Marché bio des Batignolles du samedi matin propose le meilleur, dans une ambiance conviviale.
Dans les allées du marché, une rumeur tranquille. Ici, on ne hurle pas le prix du kilo de tomates à l’oreille du badaud, mais on murmure les saisons et les nouvelles de la ferme. Aux Batignolles, on ne fait pas que « servir » le client, on discute mode de production, qualité de l’asperge et recette de cuisine. Même les démonstrateurs de marché sont calmes et collent au paysage… Pas question de vanter un mixer, on cause plutôt boule de lavage écolo. La balade est un plaisir pour les yeux. Fromages, bon pain, épicerie fine, charcutier, légumes de saison, confitures maison… Ce qu’on voit tout de suite après le produit, c’est la provenance, le lieu de production, primordial pour l’acheteur. Chez Sylvie, fromagère, la pancarte annonce une production bio de la Ferme de Bréviande : « c’est dans le Perche, au nord de Vendôme, vous voyez ? » L’exploitation familiale de 30 hectares fait de l’agrobiologie depuis 1964 : « j’ai toujours baigné là-dedans. Mes parents sont paysans, c’était une évidence pour moi ». Sylvie et Jean-Christophe, son mari, ne font que du fromage de chèvre, donc de début mars à début novembre, puisque la production est saisonnière.L’alimentation des chèvres est entièrement bio, concoctée par le couple et au final, des Ronds de Bréviande cendré, des chèvres aux herbes et surtout, une Tomme à tester impérativement pour sa finesse et son goût plus subtil que la Tomme de brebis.
À quelques étals de là, Jean-Pierre fait goûter les premiers petits pois de la saison : « regardez-moi ça si c’est pas beau. Goûtez, vous allez comprendre ! » On goûte, explosion de verdure dans le palais. C’est le même Jean-Pierre Bourven qui dirige le Groupement des Agriculteurs Biologiques d’Île-de-France (lire l’article). Son stand, estampillé AB, en impose. Il y a ce qu’il appelle la partie « commerciale » où l’on trouve des pommes d’Argentine, des aubergines d’Italie ou des courgettes d’Espagne : « il faut bien répondre à la demande du consommateur et survivre. Mais avec ma production à moi, vous ne verrez pas la tête d’une tomate avant le 1er juillet, je vous le dis ! » Dans sa partie à lui, sa production de la ferme du Hameau des étangs, près de Cergy, on trouve des carottes, pommes de terre, pousses d’épinards et autres petits pois nouveaux. Pour Jean-Pierre, un seul impératif : « réapprendre aux consommateurs les saisons, à un prix intéressant ». C’est pour cela qu’il a mis en place un système d’abonnement de panier, que les acheteurs viennent chercher, car « il n’est pas question de ruiner les économies qu’on fait avec des coûts de transport et d’emballage. » Jean-Pierre peut parler des heures durant d’agriculture biologique, des fruits de saison, des bonnes idées qu’il soumet aux politiques pour que la France quitte sa place de dernier de l’Europe en matière de bio, mais là tout de suite, il doit « servir la dame ».
Un peu plus loin, des tomates séchées et des artichauts marinés attirent l’œil. La Cucina propose des produits bios d’une coopérative de Sardaigne et des antipasti frais. Le tout certifié deux fois, en Italie d’abord, puis en France. Vinaigre balsamique, huile d’olive extra-vierge, tagliatelles aux épinards, miel et vin… Parfait pour clore le marché et entamer l’apéro. Il est 13h, ça remballe gentiment, mais sans précipitation. Le temps pour cette dame chargée de courses de déguster sa mangue sur un banc, au soleil.
Marché biologique des Batignolles, 75017, tous les samedis de 9h à 14h.
A lire également, l'article de Laetitia OHNONA sur le bio et son reportage sur le caviste-tâble d'hôte "les Domaines qui montent".